Ce poème, est, de loin, le plus direct appel à la révolte. Pour parvenir à lancer ce cri de révolte, le poète fait un bilan de toutes les brimades, les injustices et les souffrances auxquelles l’opprimé a été soumis.
Dans le premier verset il fait allusion aux affres de l’esclavages : les esclaves étaient contraints a plier, se courber de deux façons : physiquement, dans les cannes a sucres et psychologiquement dans la perception de leur personnalité minimisée et abrutie. Ce poème fait écho à « Afrique » autre poème de Diop, dans lequel celui-ci pose la question à Afrique qui est la suivante:
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de l’humilité…
Alors gravement une voix me répondit
L’arbitraire dont souffrent l’homme noir, et tous les opprimés, dès l’esclavage jusqu’ à la colonisation et la ségrégation sociale, fondée sur une idéologie irraisonnée et illogique est aussi indiqué ici.
« Toi qui meure un jour comme ça sans savoir pourquoi »
A l’époque de l’esclavage les maîtres d’esclaves avait le droit de les tuer à volonté sans se soucier de la possibilité d’être traduits en justice pour meurtre.
Une fois qu’un maître esclave assomme un de ses esclaves, il ne lui est pas requit d’expliquer aux autorités, pour ne pas dire les autres esclaves, pourquoi il l’élimine. La vie de l’esclave, et par extension l’homme noir, colonisé ou libre, était précaire et toujours mise en question.
Les difficultés et l’exploitation auxquelles l’homme opprimé était condamné à subir trouvent expression dans le verset suivant :
« Toi qui luttes qui veilles pour le repos de l’Autre »
Il est à remarquer que dans ce verset l’altérité de l’homme blanc, en tant que être supérieur est signalée. L’homme opprimé et abusé n’est qu’un « toi » minimisé, alors que l’homme blanc est ce « Autre » magnifié. Le premier ne sert qu’à satisfaire les besoins du second, et n’est important que lorsqu’il remplit ce devoir « divin » de supplier aux nécessités du maître et de veiller ce qu’il ait un bon repos.
Le verset qui suit inscrit pour le lecteur le résultat de tous ces brimades et oppressions : la perte de joie chez l’homme noir. Ce qui fait écho a « Celui qui a tout perdu ».
« Toi qui ne regard plus avec le rire aux yeux »
« Les fers de l’esclavage » paraissent ici également, avoir « déchiré » le cœur à l’homme noir.
Ayant tout perdu, ne se disposant plus de quelque droit que ce soit, le droit à la dignité, à la vie, à l’autodétermination, celui-ci ne pouvait pas ne pas perdre sa gaieté, son bonhomie d’antan. Apeuré et angoissé, celui-ci perd tout l’éclat de ses yeux. Incertain de tout dans la vie, et réduit à une vie de misère, il perd tout désir de se redresser par peur d’échec.
Selon Svolik , toute tentative de redressement de la part d’un group ou d’un individu qui se trouve dans le besoin de se libérer ou de se révolter contre un statu quo, est évaluée contre la probabilité/la vraisemblance du succès ou de l’échec de l’entreprise de redressement. Et lorsque ce n’est pas du tout certain que la tentative va réussir, les comploteurs se révisent d’idée.
Ce peut-être dans ce perspectif que l’homme opprimé dans ce poème, ayant passé en revue toutes les possibilités du succès de son désir de briser les chaines de son asservissement, et l’ayant jugée malavisé de se lancer dans l’effort de se libérer, a perdu tout espoir et s’est abandonné à son destin.
Le poète alors endosse le devoir de lui insuffler le courage et de l’inciter à prendre en main son destin, et de relever le défi à cette force épouvantable et répugnante pour crier un NON ! définitif.
Ce que David Diop veut signaler dans ce poème ce qu’il n’y a pas de force, aussi féroce et
terrifiante quelle soi, qui ne peut être subvertie, renversée et abolie avec le courage et la détermination.
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